Avril 2023

Namaste, bonjour à tous,

    Le 26 janvier c’était Basant Panchami, la Sarasvati puja, la fête de la déesse de la connaissance, des arts et des lettres. Souvent représentée vêtue d’un sari blanc, accompagnée d’un cygne ou d’un paon, avec quatre bras, deux mains lui servant à jouer de la vina, dans une autre elle tient les Veda, les textes sacrés de l’hindouisme et dans la quatrième un mala, un chapelet en perle, elle est l’épouse de Brahma, le dieu associé à la création. Tout comme son époux on trouve peu de temple qui lui sont consacrés, mais on la retrouve dans la plupart des endroits liés à l’art (salle de concert, de théâtre, de danse…) et à la connaissance (écoles, universités, laboratoires…). Pour les enfants elle est présente dans tous les outils qui touche au savoir, comme les livres, les cahiers, les stylos, les cartables…. Ainsi lorsqu’un enfant touche par mégarde un de ces outils avec son pied (chose très irrespectueuse en Inde que de toucher quelqu’un ou un objet avec son pied ou même d’étaler ses jambes en montrant ses pieds à son voisin) et qui peut arriver souvent, lorsque par exemple on travaille en groupe en étant assis par terre, dans des espaces pas toujours très grands, souvent à se frôler les uns les autres, en signe de respect pour la déesse présente dans l’objet touché, l’enfant ira poser ses deux mains sur la chose « souillée » par le contact de son pied et portera ensuite ses mains au centre du front et au centre de la poitrine, pour purifier son esprit et purifier son cœur. 

Sarasvati réalisée par Vivek

    Une autre anecdote concernant les pieds c’est qu’ils sont aussi sacrés, ainsi l’on vénère les pied de l’enseignant, du guru, du maître, et cela quel que soit son domaine de connaissance, connaissance intellectuelle, artistique, scientifique, spirituel…. Ses pieds sont le symbole de la direction vers laquelle il faut aller, vers laquelle il faut tendre. Lorsqu’on rencontre quelqu’un pour lequel on éprouve du respect on ira lui toucher les pieds et l’on portera ensuite les mains au  centre du front et au centre de la poitrine. Il existe également une puja (rituel) dans laquelle on vénère les pieds du maître, en les nettoyant, en les parfumant, en les décorant de pétales de fleurs…. L’humilité et la noblesse apparaissent alors dans le cœur et l’esprit du dévot, le mettent un peu plus en phase avec l’essentiel. En occident on a souvent du mal à comprendre cela, à quoi bon effectuer de telles choses, comme aller se prosterner devant une statue, qu’est-ce que cela va m’apporter ? Ben justement… rien ! 

Puja à Sarasvati faite par Vivek

    Chaque année pour la Sarasvati puja Vivek fabrique des murtis (statues) représentant la déesse, cette année il en a fait dix, de différentes tailles, destinées à des associations ou des familles (voir diaporama ci-dessous). 

    Au soutien scolaire de Bonoshree c’est Aditya, un des enfants que nous scolarisons, qui l’a réalisé, elle restera environ un an en place dans la maison puis lors de la prochaine Sarasvati puja elle sera offerte aux eaux du Gange et une nouvelle murti viendra la remplacer. Depuis quelques années, afin de contribuer à la diminution de la pollution qui touche le Gange, il me semble que l’on ne peut plus effectuer visarjan (offrande des statues représentant les divinités) directement dans le fleuve mais que des bassins sont spécialement mis en place pour accueillir les murtis, censées se désagréger lentement dans l’eau sacrée de la déesse Ganga, c’est un moment important du rituel. Au soutien scolaire de Bonoshree il devrait y avoir tous les jours une puja effectuée par les enfants en l’honneur de Sarasvati. C’est un joli moment de partage durant lequel un enfant présente une flamme (du camphre ou une mèche en coton imbibée d’huile ou de beurre) devant la divinité, représentant l’ignorance de notre propre nature consumé par la déesse, de l’encens est offert, parfois des colliers en fleurs orneront la statue, avec souvent, une fois le rituel fini, la reprise en cœur de quelques chants et le partage par tous les enfants présents du prasad, de la nourriture (fruits, sucreries…) consacrée par la puja. 

Diaporama : Sarasvati puja au soutien scolaire de Bonoshree

    En plus du rituel les enfants ont eu droit à un repas préparé par Bonoshree et les autres enseignantes, servis sur le toit de la maison (diaporama ci-après).

    Le 17 février c’était l’anniversaire à Bonoshree, goûter avec un joli cake coloré et crémeux et comme souvent pour les anniversaires un enfant a pris un malin plaisir à étaler du gâteau sur les joues de sa professeure. Partage d’un agréable moment et distribution à tous de biscuits chocolatés et de snacks salés. 

Diaporama : Anniversaire à Bonoshree

    Le 18 février c’était la Shivratri, la nuit à Shiva, durant laquelle on vénère Shiva, l’un des principaux dieux de l’hindouisme. Shiva signifie le favorable, le bienveillant, le gracieux, il peut à la fois représenter certaines fonctions particulières, on dit qu’il s’exprime par cinq activités (la création, la conservation, la dissimulation, la destruction et la grâce) ou symboliser simplement le mystère à la source de toutes choses. Une mythologie importante lui est associé, dans l’iconographie on le trouve représenté le corps couvert de cendre, une peau de tigre autour de la taille, un cobra et des malas (chapelets) en graine de rudraksha autour du cou, un trident dans une main, un damaru (petit tambour) dans l’autre, le troisième œil et trois traits horizontaux au milieu du front (signe que ses dévots reproduisent sur leur front), le croissant de lune sur la tête et le Gange coulant le long de ses jatas (dreadlocks), c’est le dieu du yoga et la divinité principale de Varanasi. Durant la Shivratri les temples honorant le grand dieu sont ouverts toute la nuit, l’ambiance est à la méditation, à l’intériorisation et au recueillement, beaucoup de personnes jeunent pour l’occasion, d’autres prennent du bang (boulettes de haschich) en prasad (offrande) échangé avec la divinité. De grandes murtis le représentant avec son épouse Parvati sont installés dans certains quartiers, une longue procession défile dans les rues avec quantités de personnage de la mythologie présents, parfois sur des chevaux et même des éléphants, certains enfants y participent, c’est souvent l’occasion pour les petites filles de revêtir le sari, l’habit traditionnel de leur maman.

Shiva et Parvati

Diaporama : Shivratri au soutien scolaire de Bonoshree

    Le 8 mars c’était Holi, la fête des couleurs qui marque l’arrivée du printemps. Dans les quartiers, plusieurs jours avant, on prépare de gigantesques buchers avec quantité de bois, les enfants y jetant également de vieux vêtements, buchers qui seront allumés la veille au soir du festival, célébrant la mort de la démone Holika. Une statue à son effigie est d’ailleurs installée près du feu et un Pandit viendra effectuer une puja (rituel). Le roi démon Hiranyakashipu avait ordonné qu’il soit le seul être vénéré dans son royaume mais à sa grande surprise, Prahlad, son propre fils, refusait de lui vouer un culte et préférait adorer le Seigneur Vishnu (l’un des grands dieux de l’hindouisme représentant la force de préservation). Hiranyakashipu essaya plusieurs fois de tuer Prahlad mais celui-ci fut à chaque fois sauvé par Vishnu, il demanda alors de l’aide à sa sœur Holika en lui demandant de rentrer dans un bucher ardant avec Prahlad, celle-ci étant normalement protégée et ayant le pouvoir de ne pas bruler. Par ruse et par malice elle attira Prahlad, le prit sur ses genoux et s’assit au milieu du feu. Prahlad, le cœur plein de dévotion répétait sans cesse le Nom du Seigneur Vishnu et finalement Holika périt, sa protection contre les flammes ne marchait que si elle était seule, Prahlad sortit indemne du bucher et reçut alors les bénédictions de Vishnu pour sa dévotion sincère et pure. Le nom de Holi dérive de Holika et célèbre la victoire du bien sur le mal et la force de la dévotion. 

Diaporama : Jeux pour la Holi chez Vivek

    Le lendemain, dès le petit matin (et déjà depuis plusieurs jours pour beaucoup d’enfants) les indiens s’amusent  à s’asperger de couleurs, soit sous forme de poudre, soit sous forme d’encre mélangé à de l’eau que l’on projette grâce à des piskaris (sorte de pistolet à eau) ou en confectionnant de sympathiques petites bombes avec l’aide de sachets plastiques. Certains restent dans leur quartier, s’amusent dans la rue, sur le toit des maisons ou se baladent par petit groupe. On est trempé de la tête au pied et on en voit de toutes les couleurs, du vert, du jaune, du rouge… Les animaux ne sont pas épargnés, ainsi après le festival il n’est pas rare de croiser des vaches ou des chiens (beaucoup de chiens errant à Varanasi) arborant des taches multicolores sur leur dos. Une fois les jeux finis les enfants vont se laver et mettent un vêtement neuf qui leur a été offert pour l’occasion (à la Holi c’est la tradition que chaque enfant ait un vêtement neuf, c’est parfois le seul qu’il aura pendant toute l’année) et passent chez les membres de la famille et les amis mettre une bénédiction sur le front de la personne et recevoir en échange une friandise ou un peu de monnaie. 

Diaporama : Jeux pour la Holi au soutien scolaire de Bonoshree

    Pour la Holi nous avons offert aux 40 enfants du soutien scolaire de Bonoshree un joli vêtement neuf et de bonne qualité, robe ou salwar kameez pour les filles, jeans et chemise pour les garçons, nous en avons eu pour 20.930 Roupies (environ 260 Euros), à peu près 6,50 Euros par enfant. Des jeux avec les couleurs ont été organisé quelques jours avant le festival (où les enfants restent en famille), suivi d’un goûter conséquent (le tout pour 2.500 Roupies – environ 30 Euros).

Diaporama : Holi, les enfants et leurs nouveaux vêtements

Goûter pour la Holi au soutien scolaire de Bonoshree

    Cette année nous allons scolariser six enfants supplémentaires, quatre issus du soutien scolaire de Bonoshree et deux que Vivek connait. Au soutien scolaire de Bonosrhree nous avons Romans Rajkapur, actuellement il ne va pas à l’école, il devra passer un test d’admission pour évaluer son niveau et sa classe, ses parents habite dans un petit village à côté de Varanasi, son papa est rickshaw wala, chauffeur de rickshaw à pédale, sa maman reste au village avec ses trois frères. Le deuxième enfant s’appelle Yash Kumar Jaiswal, il est actuellement en classe 3 (CE2), il n’a plus son papa, sa maman fait le ménage et la vaisselle chez différentes familles, il a deux sœurs et un frère. Le troisième enfant, Rajveer Patwa est actuellement en classe 6 (6ème), son père est également chauffeur de rickshaw, il a un frère et une sœur. Divyani Yadav étudie en classe 9 (3ème), papa chauffeur de rickshaw, elle a deux frères.

Manraj

Yash Kumar Jaiswal

Rajveer Patwa

Divyani Yadav

    Les deux enfants que connait Vivek sont Ladka Duggu, il devrait être scolarisé en LKG (2ème année de maternelle), son papa travaille dans une fabrique artisanale de saris, il a deux frères et Janki Sharma, elle est actuellement en classe 6 (6ème), son papa est charpentier, elle a trois sœurs et deux frères. 

Ladka Duggu

Janki Sharma

    Nous commençons à recevoir les derniers bulletins scolaires de l’année, ainsi Arpita passe en classe 8 (4ème), Aditya en classe 10 (seconde) et Shweta en classe 12 (terminale). A Durga Charan et Bangali Tola, les écoles où nous scolarisons le plus d’enfants, les nouvelles admissions pour les classes LKG à 9 (2ème année de maternelle à 3ème) ont commencé, Vivek et Bonoshree doivent y aller dans le courant de la semaine. 

Bulletin d'Arpita

Bulletin d'Aditya

Bulletin de Shweta

    Vivek vient de m’apprendre cette semaine que Punam Sahani, elle avait fini sa classe 12 (terminale) et envisageait peut-être de poursuivre ses études à l’université, s’est mariée. Le mariage s’est apparemment négociait très rapidement, en secret me disait Vivek (« secret shaadi »), on ne devrait apparemment pas pouvoir récupérer de photos de la cérémonie. Nous souhaitons aux jeunes mariés une vie heureuse et pleine de sens.

Punam Sahani

    Pendant la période de la Shivratri Bonoshree a amené les enfants qui le souhaitaient à une compétition de dessins, Mishti a reçu deux prix et tous les enfants ont eu droit à un certificat de participation qu’ils ont ramené fièrement à la maison.

    Travaux manuels au soutien scolaire de Bonoshree avec la réalisation de porte-crayons :

    Quelques dessins réalisés par Ishika et Aditya :

    Merci beaucoup à toutes les personnes qui continuent à nous soutenir, vous nous permettez de pouvoir continuer à assurer une bonne scolarité à nos 35 enfants et contribuez, dans le cadre de l’aide que nous apportons au soutien scolaire de Bonoshree, à proposer de jolis moments aux enfants. Hari Om !

Christophe
 

YOGMAYA est une association régie par la loi du 1^er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901, enregistrée auprès de la préfecture de l’Isère sous le numéro W381015403 – Identifiant SIRET 817 825 748 00012